Demoiselle Critique, je dois rompre nos fiançailles,
Car il m’est impossible de me laisser aller
à devenir le porte-parole de votre gouaille
Et contre le monde entier, de sans cesse râler.
De notre mariage, je n’en veux plus ma commère,
Même si vous m’avez épaulé, surtout à droite,
Pendant toutes ces années, perfide conseillère
Vous avez su y faire ; mais vous êtes très adroite :
Ralliant à votre cause, votre cousine jalouse,
Qui engage les mots qui sortent de votre bouche,
Lorsque sous vos pieds on vous coupe la pelouse
Au profit de personne qui ne sont de votre souche.
Et quand d’autres ont eut quelques faits et gestes,
Qui toujours s’empresse pour injecter son venin ?
Votre soeur dédaigneuse, cette sale petite peste
Qui censure et maltraite, ce qui se fait de bien.
Je ne supporte plus votre piquante famille
Sa méchanceté, ses sarcasmes et son ironie
Aussi je m’en sépare sans diplomatie,
N’ayant pas pu l’apprendre en votre compagnie.
Aux dépends de bien des coeurs, nous avons fait rire
D’autres coeurs plus arides, aux oreilles complaisantes
Sans se soucier de la peine que peuvent ressentir
Les victimes d’une verve, hélas trop imposante !
Sans répit vous cherchez, des paroles plus blessantes
Des mots encore plus acerbes, plus vindicatif
Pour que le couperet tombe sur des têtes bien pensantes
Que vous jugez bon de trancher dans le vif.
Demoiselle Critique, enfin notre idylle expire,
Après les fiançailles, consommons la rupture
Oh ! Je sais bien que vous tâcherez de revenir
Mais d’ores et déjà je creuse votre sépulture :
Une fosse commune, parce que vous êtes infidèle,
Et que vous êtes maîtresse de bien des mauvaises langues.
Je ne vous dis pas adieu, critique demoiselle,
Car il n’y a de place là haut ni pour vous ni pour votre gang.
27 juillet 1995